Editorial: Août 2021

Le crime environnemental sous l’angle de la théorie économique

Le Rio Doce traverse deux états du Brésil, Minas Gerais et Espírito Santo. 850 km de fleuve intoxiqués et détruits totalement par les boues rouges de la compagnie minière SAMARCO en 2015.((Foto: Adriano Machado/Reuters)

Avec les impacts de plus en plus évidents causés par le changement climatique et aussi par l’action humaine directe, les dommages environnementaux et/ou les crimes sont devenus monnaie courante. En ce sens, l’économie nous permet d’analyser le phénomène sous un angle différent à travers la théorie économique du crime de Gary Becker (1968), considérant que la pratique du crime environnemental peut survenir à partir d’une décision rationnelle de l’agent lors de la pondération des coûts et des avantages.

Becker (1968)¹ considère l’activité criminelle comme une branche de l’économie, des agents, que ces individus, institutions ou entreprises, par exemple, décident de commettre un crime ou non en considérant que les bénéfices dépassent les coûts de l’action. Les gains peuvent être monétaires ou par une perception d’utilité ou de satisfaction accrue de l’agent, de sorte que la criminalité environnementale peut être analysée dans cette perspective, en considérant une analyse des coûts par rapport aux avantages à travers ce qui est établi comme crime ou dommage environnemental par la législation actuelle. Le coût comprendrait la punition, la probabilité d’être identifié et puni et/ou d’éventuelles sanctions directes ou indirectes.

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Editorial:Août 2019

De tons sépia

Route joignant Andaraí à Igatú (BA- Août 2019)(Photo: Telma Teixeira / RHIOS)

Il y a un peu plus de cinq siècles, les Portugais découvraient les terres brésiliennes. Ici vivaient alors les peuples autochtones en harmonie avec un environnement naturel qui leur offrait des ressources en abondance. Leur technologie n’était pas développée comme celle des peuples maya, inca et aztèque, mais la nature était exubérante. C’est cette nature, riche et diversifiée qui a attiré les yeux des colonisateurs qui commencèrent par exploiter sans effort le précieux “pau-brasil”.

Au fil des ans, d’autres richesses naturelles furent découvertes. De colonie en république, il n’y eut jamais une seule période où l’environnement priva le territoire brésilien et ses habitants des ressources nécessaires pour vivre dans la pléthore. L’exploitation que le colonisateur commença fut poursuivie et développée par un peuple habitué à l’extraction excessive, sans souci des impacts sur l’écosystème naturel ni du temps à sa nécessaire récupération. Continue lendo “Editorial:Août 2019”

Editorial: Juillet 2018

Développement durable: contresens d’un Brésil à contrecourant

Lagoa em Baixio (BA- Junho 2018)(Foto: Denis Julien / RHIOS)

Dans le dictionnaire le terme accident est associé aux entrées éventuel, fortuit, inespéré, imprévu. À son tour, le mot désastre est défini comme un événement qui provoque des souffrances et un grand préjudice, un malheur. Ce dernier convient sans aucune restriction à la rupture du barrage du Fundão(1) survenue le 5 novembre 2015 lorsque la boue de résidus toxiques couvrit plus de 650 km de rivières et de ruisseaux, tuant 19 personnes et plus de 10 tonnes de poissons, déplaçant des centaines de familles , contaminant en 17 jours un biome qui ne sera récupéré par la nature que dans plus de 100 ans. Les impacts ont été et continuent d’être surveillés et leur étendue ne peut être évaluée encore avec précision. La pertinence des termes souffrance, blessure et malheur est donc indéniable. Cependant, on peut contester l’imprévisibilité qui qualifierait un tel événement comme un simple accident. Entre 2005 et 2010, l’entreprise avait déjà enregistré 5 ruptures, avec et sans fuite; le barrage fonctionnait au-dessus de sa capacité, avec des problèmes de drainage, des défaillances structurelles et sans aucun plan d’urgence. De tels éléments contredisent le caractère imprévisible ou éventuel attribué normalement aux accidents. S’opposant aux appels à l’aide de l’environnement, alors que les matches du “Mundial” accaparaient toutes les attentions, un accord a été signé, le 25 Juin 2018, avec les entreprises responsables, suspendant une action civile déposée par le Ministère Public fédéral (R$155 milliards) ainsi que d’autres actions promues par l’Union et les unités fédératives de Minas Gerais et Espirito Santo (R$ 20 milliards) basé sur un texte qui prévoit des études parallèles et de possibles renégociations futures. Certainement un contresens. Continue lendo “Editorial: Juillet 2018”

Editorial: Novembre 2017

Le Développement Durable, maintenant et toujours, dépend de tous

Quelque part sur un chemin de randonnée de la chapada diamantina (Bahia).(Foto: Denis JULIEN / RHIOS)

Quand le terme développement fut présenté comme alternative au terme croissance pour interpréter les indicateurs économiques d’une société déterminée, apparut l’insuffisance du Produit Intérieur Brut (PIB) comme paramètre d’analyse des conditions de vie d’un peuple. On vérifiait ainsi que la richesse générée mesurée par le PIB dans sa forme agrégée, n’induisait pas nécessairement une distribution équilibrée qui assure des minima de revenu, santé et éducation pour toute la population.

Avec les années, même si encore les deux termes sont utilisés comme synonymes, leurs différences se sont consolidées et on a ajouté l’expression durable, indiquant ainsi qu’une répartition équilibrée des ressources ne suffisait plus aujourd’hui mais qu’il faudrait garantir cette répartition pour les générations futures.

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Editorial : Octobre 2017

Valeur, Prix et Environnement

Mangue – Ilha de Itaparica – 2015 (Foto: Karine Veiga / RHIOS)

Fréquemment en science économique on discute de la relation entre valeur et prix. Communément ces deux mots sont utilisés comme synonymes cependant, dans un contexte plus technique où l’herméneutique est essentielle à la discussion, on cherche souvent à identifier les relations qui convertissent les valeurs, de nature subjective, en prix, objectifs et mesurables.

Contribuant à cette discussion et cherchant à éliminer l’excès de subjectivité inhérent au terme valeur, ce dernier est catégorisé pour une meilleure compréhension dans le processus de monétisation. De là surgissent la valeur sociale, la valeur culturelle et la valeur économique. Cette dernière catégorie réduit la subjectivité de la valeur aux éléments qui peuvent être utilisés par le processus productif. En ce sens, la valeur culturelle d’une certaine région peut être réduite à son exploitabilité touristique. Continue lendo “Editorial : Octobre 2017”

Editorial : Septembre 2017

Un Autre Printemps

Le Rio Doce traverse deux états du Brésil, Minas Gerais et Espírito Santo. 850 km de fleuve intoxiqués et détruits totalement par les boues rouges de la compagnie minière SAMARCO en 2015. (Photo: Ricardo Moraes/Reuters)

En Septembre 1962 Rachel Carson publia le classique et révolutionnaire Printemps Silencieux dénonçant l’utilisation aveugle de pesticides et ses effets sur la nature et les êtres humains. L’adjectif classique attribué à son livre découle de l’inévitable référence qui lui est faite par les études liées aux impacts de l’action humaine sur la nature. A son tour, le caractère révolutionnaire de l’œuvre provient de son rôle fondamental dans l’interdiction de l’utilisation du dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) et autres pesticides, et l’apparition du mouvement écologiste et institutions de protection environnementale aux USA.

L’œuvre fondamentale de Carson fut applaudie comme une profonde investigation qui révèle minutieusement les effets immédiats et héréditaires des pesticides. Les taux d’absorption et les niveaux d’accumulation, différents entre les espèces animales et végétales, entrainent la propagation des effets dans la chaine alimentaire et la possible transmission génétique. Ces éléments, richement documentés par Carson, seraient les causes de l’extinction et la mort de diverses espèces d’oiseaux occasionnant ainsi le silence printanier. Continue lendo “Editorial : Septembre 2017”

Editorial : Août / 2017

Economie. Environnement. Sens et Contresens.

En 1951, le 13 Août, le président Getúlio Vargas fit voter la loi 1.411 qui instaura la profession d’Economiste. Depuis cette date, le 13 Août est au Brésil le Jour de l’Economiste. Selon la définition classique, la science économique a pour objet d’étude les utilisations alternatives des ressources rares observant les processus et phénomènes historiques, institutionnels, sociaux, collectifs et individuels, concomitants ou non, visant ainsi à aider la prise de décision.

Les fondements théoriques sur lesquelles se basent, encore aujourd’hui, les études économiques, ont précédé de très loin cette date. Leurs origines remontent au XVIII ° siècle quand Adam Smith, considéré comme le père de l’économie,  publia son oeuvre maîtresse An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations, plus connue en France sous le titre La Richesse des Nations. Le travail de Smith est à l’origine d’innombrables discussions fondamentalement centrées sur des éléments comme revenus, classes sociales, relations de production et justice distributive, entre autres, produisant des hypothèses, des théories, des propositions et des idéologies distinctes, bien souvent divergentes entre elles, en raison de perceptions différenciées des réalités ou des sujets. Continue lendo “Editorial : Août / 2017”